Vol au dessus d'un nid de coucou

Le lendemain c’est pas le poids de mon sac qui me ralentit pour rejoindre une gare vu que j’ai que dalle .
J’arrive à Montparnasse.. mes parents sont là .. c’est les retrouvailles.
Je retrouve ma chambre à St Germain ...avec encore des Bouquins de Physique et des Polycop et surtout mon vélo que Piepierre avait acheté avec moi chez les Frères Lejeune qu’il connaissait du Tour de France , directement à la fabrique de Maison Alfort malheureusement disparue depuis.
Je suis encore sursitaire et malgré deux tentatives de réforme.. je dois partir bientôt à l’Armée..C’est un drame pour moi , l’ambiance risque de changer.
Direction la caserne de Dijon .Je suis résigné !...mais espère que ce sera cool car je suis pris au contingent Scientifique.
Je croyais avoir un traitement spécial comme scientifique.. Mauvaise pioche et comme tous je dois faire 3 mois de classe avant de rejoindre un labo et je sais pas lequel.
J’arrive à Dijon à l’aube avec plein de futurs bidasses. Dans le camion militaire qui nous emmène je commence à flipper sévère vu l’ambiance et le niveau des mecs qui sont avec moi
C’est grave , j’ai l’impression d'être une bête que l’on amène à l'abattoir dans ce camion bâché où je suis serré avec les autres sur les gros bancs en bois ..
Ensuite.. distrib de package dont ce merveilleux survet bleu militaire.
Je passe devant un ptit gradé de merde pour des paperasses et essaye de lui faire comprendre que moi heu... je suis contingent et qui doit avoir une erreur etc …
Il se fout de ma gueule durement et semble content de se faire un ptit bourgeois d'intello en me disant que je vais apprendre la vie ..
Quelque part, avec du recul, il pas 100 % tord ..car c’est pas trop la modestie de mon rang intellectuel et social qui m’étouffe et je suis tout de même un ptit bourgeois bien gâté
C’est la douche froide voire glacée et je suis incorporé le 1 Août 1978 au R.C.R 602 .
L'ambiance de cette caserne et de tous ces bidasses me terrifie, m’anéanti, c’est atroce pour moi ,surtout quand je vois la piaule  et le fait que je vais en chier pour faire mon lit au carré..ça a l’air hyper important mais je m’en sens totalement incapable .....
C’est assez curieux en fait , j’ai en moi une énergie colossale pour faire de trucs que j’aime mais la perspective de faire un lit au carré me démonte totalement.Je dois avoir dans mon cerveau, un truc qui fait masse !
Je vais passer l’aprem devant le médecin militaire pour la visite médicale . Je poirote je poirote et je commence avoir les nerfs.
Finalement je pète les plomb et force la porte du bureau du médecin et la c’est parti. Je commence à gueuler et à foutre le bordel.C’est l'affrontement et je tiens le coup, il appelle les infirmiers. qui rappliquent, y sont plusieurs et je les revoie encore dans leur blouse blanche.
Un a une seringue à la main .”On va te calmer “ me dit il sûr de lui et content de se faire  un ptit connard  de civil.
Et là j’ai lâché les chevaux, le menaçant qui si jamais il faisait un geste de plus je le défoncerais et à côté Hulk c'était un ptit enfant , une ptit lopette.Je le regardais droit dans les yeux et il a baissé son bras .
L'énergie du désespoir,  j'avais dépassé la barre du compréhensible
Du coup on me dit Ok Ok .. on t'emmène en psy.. et là je savais que j’avais gagné la première manche. Tout se calme on m'emmène et je me trouve en service fermé et je passe 3 jours en cellule capitonnée..
Je regarde l'hosto derrière les barreaux de la chambre  et je me dis que j’ai poussé le bouchon trop loin, et fait la grosse connerie et que le reste risque d’être dur.
Le soir on me sort pour becqueter dans un petit réfectoire et un autre “reclu” pose son plateau en face de moi.
Il ne me regarde pas, ne dit pas un mot , il garde la tête baissé. Au bout de quelques minutes il me regarde et dit juste une phrase ...."Courage si on est ici c’est bon".
Au bout de 3 j je passe au service ouvert,c’est un immense service psy avec des dortoirs de plusieurs dizaines de lit. C’est un bordel monstrueux car tous les mecs sont comme moi, un peu pété du casque et font tout et n’importe quoi pour se faire réformer ..
Je suis tout de même obligé d’avaler des cachets .
Je retrouve le mec du service fermé et on commence à reprendre le dessus et rigoler ..
Y a  des mecs tarés , un a essayé de foutre le feu à son lit .Y en avait autre , un gitan qui sait ni lire ni écrire.. il avait essayé de s'échapper pour être finalement attraper avec un filet sur le toit comme une bête sauvage ..
C'était mon “Vol aus dessu d’un nid coucou” à moi mais y avait pas Jack Nicholson
Finalement je suis libéré , et je retourne à la caserne pour signer trois trucs  et me revoilà dans le train pour Paris. Je regrette rien, vu les bidasses que je vois la boule à zéro et en uniforme, fiers de se bourrer à la Kro . J’aurai jamais tenu le coup avec des mecs comme cela...
Moi j’ai toujours ma tignasse..



Il me faut quelques jours pour me remettre tout de même et évacuer les saloperies que j’ai été obligé d'ingurgiter de force pendant ces 11 jours, par les enculés de médecins militaires en psy. J'avais des fois l’impression de dormir en lévitation, c’est surement les effets secondaires ..
Je sens mes parents inquiets .Mon père me demandait :Mais tu va faire quoi maintenant ? C’est la question qui fâche….mais elle est légitime..
Je dois retourner à Dijon  pour signer ma réforme .. je suis P5 donc réformé définitivement même en cas de guerre Nucléaire lol.
Je touche même quelques dizaines de Francs et un Billet de train ..
J’ai choisi Marseille ou je prends le premier Ferry pour Calvi, la Soeur est la bas en vacances du coté de l’ile rousse avec son mari...J’y passe quelques jours tranquilles et le soleil brille.
Je me souviens d’y avoir lu ..”Et mon tout est un Homme de Boileau et Narcejac “ dont elle et moi sommes amateurs...
Tiens ils roulent avec l’Opel Commodore .. . .. j’aimais bien cette caisse et je rêve encore des fois qu’elle est dans le garage de la rue Schnapper .. c’est du matos costaud depuis le temps !!! …
Au retour j’avais rencontré une Américaine .. Nina Hyams… on s'était séduit sur le ferry , c’est elle qui m’avait abordé ..avec un “You Smoke too much” puis on s’est aimé sur la plage de Cannes ou on avait dormi à la belle étoile au retour. On s’est quitté car elle devait rejoindre son père à St tropez à l'hôtel des Lices .. carrément
Nous avions maintenue un grande correspondance, moi à Paris elle à New York. Je devais ou voulais la rejoindre mais j’ai jamais fait ..
Un jour elle me demandé de prendre contact avec un mec qui vendait une 403 car son oncle était intéressé,  peut être à cause de Colombo , j’ai trouvé cela étrange .. en plus j’avais l’adresse et le numéro de tél .. rue de la Grande Truanderie à Paris..
J’ avais un prix à proposer pour la 403, le mec il m’a dit non très sèchement au tel..
J’ai trouvé cela bizarre. Ensuite nos échanges ont pris fin ..Sa famille était dans le cinoche, elle était juive … Un bon scénario pour Woody Allen.. Je vais y songer ..lol .
Un sentiment d’inachevé reste sur cette anecdote qui reste très perso et je me demande pourquoi j’en parle .
Des fois je pense que le destin te donne une carte ., une option .. comme au poker .. tu mises ou tu mises pas . 
La vie est un jardin  au sentiers qui bifurquent..